Méchanceté chronique

par Dominique Watrin
Editions Dricot, 128 p., 2004.

La Méchanceté chronique
de Dominique Watrin

Vous connaissez plein de gens et de choses dont vous aimeriez dire du mal et vous cherchez vainement, depuis de nombreuses années, quelqu'un pour le faire à votre place?

Vous attendez désespérément des mauvais conseils à ne pas suivre pour échapper aux petits événements qui vous pourrissent la vie?

N'hésitez pas : ce livre iconoclaste correspond à toutes vos attentes. Ironique et drôle mais aussi odieux et crapuleux, il épingle avec délectation quelques événements d'actualité, quelques moments de vie comme Noël, Pâques, la coupe du monde ou la fête des pères pour les vitrioler avec jubilation.

Les textes réunis dans ce recueil ont été écrits pour deux revues satiriques de l'actualité : Les Lundis du Poche au Théâtre Poche à Charleroi et Les Nouvelles de l'Espace à l'Espace Delvaux à Bruxelles. La plupart de ces billets ont été diffusés sous forme de séquences sur les ondes nationales de Radio Contact.

Un (mauvais) traitement salutaire

Les chroniques de ce livre sont nées de la rencontre entre des moments de la vie ou des faits d'actualité et mon œil aiguisé d'humoriste hors pair (qui a dit "de couilles" ?) qui a érigé la mauvaise humeur en discipline de vie. Cela donne un recueil à offrir en priorité à tous ceux qui disent qu'ils ne sont pas égoïstes, veules, sournois, orgueilleux, malfaisants, paresseux, irascibles, colériques, insidieux, intolérants, soupçonneux, autoritaires, injustes, atrabilaires, misanthropes, râleurs, cupides, inquisiteurs, misogynes, malhonnêtes, impatients, maladroits, pernicieux, médisants, ni éternellement insatisfaits.

Cet ouvrage aurait dû être préfacé par Albert Einstein ou par Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, ce qui en aurait considérablement décuplé le tirage et la vente; ils ont préféré mourir, des décennies voire des siècles à l'avance, plutôt que d'accomplir cette tâche contraire à leurs convictions et à leur idéal. Qu'ils en soient infiniment maudits !
(extraits de la préface)

Au menu (indigeste)

Je suis un surdoué
Le blues des fêtes
Les flics
La galette des Rois
La compétence universelle
La fancard
La fête de la chandeleur
L'euro
Quelques conseils de Saint-Valentin
Le carnaval de Binche
La journée de la femme
La France
La journée mondiale du sommeil
Petit conseil aux électeurs
L'épilation de printemps
Les cloches de Pâques
Les "T'habites"
La fête des pères
La coupe du monde
Le grattage de dos
Les modes de la protestation
Les "T'habites" en France
Le politicien timide
Le beaujolais nouveau
Je voulais être magicien
L'homme le plus malheureux du monde

Des coups de gueule contre tout et tous :
même contre les mécontents !

Quel malheur ! Chaque année, la montée de la sève coïncide, chez moi, avec une montée de… mauvaise humeur. Dès l'apparition des beaux jours, en effet, les petits oiseaux se remettent à pépier. Cela se passe , évidemment, uniquement le matin sous ma fenêtre, quand je suis rentré tard la veille, et me fait regretter que mon chat ne sache pas voler, sauf le steak que je pose sur le buffet quand le téléphone sonne ! La végétation aussi se réveille, m'obligeant à ressortir cette insupportable tondeuse à gazon qui ne démarre qu'à la dixième tentative, à part quand c'est mon fils qui essaie pour rire.
(pages 75-76)

L'âge de raison, c'est normalement quand on parvient à faire pipi debout tout seul sans les mains, en se roulant une cigarette. C'est pourquoi, ni les femmes, ni moi n'atteignons l'âge de raison, mais moi, c'est parce que je ne fume pas. Et pourtant, il est des gens qui font une entorse régulière à leur âge de raison : les amateurs de football. Je ne leur ferai pas l'affront de dire que je ne comprends pas comment on peut s'époumoner à vingt-deux derrière un ballon pour, de toute façon, l'envoyer plus loin; aujourd'hui, je sais que ceux qui font ça le font pour l'argent. De même, je sais que la majorité des spectateurs qui rejoignent les stades le font essentiellement pour se mettre à l'abri des variétés télévisées, des conversations de leur femme et, pire, des conversations de leur femme à propos des variétés télévisées.

Cependant, tous les quatre ans, il y a un événement qui rachète le football à mes yeux : la coupe du monde. Que tant de monde communie autour de cette fête planétaire qui véhicule les valeurs de solidarité et d'effort me fait, à chaque fois, regretter de ne pas avoir connu les voluptés du service militaire. Pour apporter ma caution morale à cette entreprise de promotion de la compréhension entre les peuples, je vais vous dresser la liste de mes souhaits pour toutes les prochaines coupes du monde.
(pages 91-92)

Les mécontents n'ont décidément jamais eu d'imagination. Pour se faire remarquer, ils utilisent chacun le même truc, répondant à des effets de mode ridicules. Dans les années soixante, la mode était aux manifestations. Pour un oui ou pour un non, on défilait avec des pancartes barrées d'inscriptions comme "Les boulangers sont dans le pétrin" ou "Les bouchers manquent de débouchés". Après quoi, on retroussait ses manches, on dépavait la route et on s'en foutait sur la gueule jusqu'à l'heure du dernier train. Sauf si c'était les cheminots qui étaient en grève…
(pages 99-100)

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