Mes méfaits inpunis

Chôme toujours, tu m'intéresses !

Chôme toujours tu m'intéresses

Le chômage expliqué aux notables et aux chômeurs d'exception.
par Dominique Watrin
Editions Lansman, 192 p., 1997.

La plus grande découverte génético-ethnologique
depuis que Darwin a posé
le pied sur la lune

Chers lecteurs notables et possédants, chers lecteurs porteurs d'un statut social respectable, chers homologues aux revenus confortables et aux propriétés cossues, cette étude s'adresse prioritairement à vous.

Truffée de renvois qui n'enfreignent pas les règles de la bienséance*, cette recherche est présentée à la première personne du pluriel pour marquer clairement le statut d'être supérieur de l'auteur qui ne tolère qu'à titre exceptionnel, la présence de chômeurs haut de gamme (et seulement haut de gamme) au sein de son lectorat.

N'ayons pas peur des mots : les arguments énoncés ci-avant, ci-après et si bien constituent la plus grande découverte génético - ethnologique depuis que Darwin a posé le pied sur la lune. La révolution tient en un axiome : le chômeur serait le chaînon manquant entre le singe Kiki et l'homme Raymond.

En fait, une malformation génétique soigneusement occultée explose sournoisement une fois atteint l'âge adulte licencié. Les symptômes sont multiples : grossissement, éthylisation, malpropreté, laisser-aller… avec des manifestations inconsidérées pouvant aller jusqu'à de furtifs sourires béats exprimant un bien-être malsain.

Le présent précis conçu sur le mode de l'abécédaire jette un regard voilé de larmes sur les victimes du drame du chômage, sur les martyrs de cette chronique d'un repos annoncé. Mais il pointe aussi un doigt accusateur en direction de ces rapaces qui dévorent impunément les deniers de l'Etat et de l'homme Raymond. Faut pas exagérer !

* Ce sont des renvois en bas de page.

Le chômeur : le chaînon manquant

Avec son titre qui interpelle crûment le citoyen moyen, "Chôme toujours, tu m'intéresses !" affiche résolument le ton de son propos. C'est de l'humour ! De l'humour corrosif qui transperce les bonnes consciences !

L'impertinence de la démonstration tient en un axiome : le chômeur serait le chaînon manquant qui relie le singe Kiki à l'homme Raymond. Et, pour mieux asseoir sa démonstration, l'auteur s'adresse directement aux "privilégiés de la société de classe qui chapeaute l'Europe et le monde". Le chômeur, c'est quoi ? Un fléau qu'il convient d'éradiquer comme on a éliminé la peste, le choléra… et les Mohicans.

L'ouvrage qui compte 192 pages a choisi de frapper là où ça fait mal. Fi des fausses compassions et des discours humanitaires stériles. Le chômeur est un sous-être humain. Une preuve ? Malgré sa perte d'emploi, il continue d'afficher des comportements sociaux normaux comme faire ses courses le samedi, tout en adoptant un mode de vie parallèle et éminemment menaçant pour l'équilibre de son écosystème comme… faire ses courses le jeudi.

Présenté sous forme d'abécédaire, le livre sonde l'univers glauque des largués du marché de l'emploi. Comment appeler un chômeur ? Comment le débusquer grâce à ses comportements odieux ? Comment le distraire en l'éduquant malgré lui ? Comment le nourrir avec des matériaux de réemploi ? Comment les patrons s'en servent-ils et les universitaires le voient-ils ? S'ils le voient… Que font les hommes politiques ou les syndicalistes pour bâtir la solution finale à la crise … ou si pas la lutte finale ? Autant de questions parmi tant d'autres auxquelles "Chôme toujours, tu m'intéresses !" trouve des réponses inédites, hors entendement et, pour tout dire, affolantes par leur logique immonde.

Dans ce livre, la provocation manipulée méthodiquement finit par faire des ravages. On rit de désespoir. Et, de "A comme Avertissement" à… "Z comme Zob", on s'accroche, on veut en savoir plus… et on (re)découvre le regard qu'on porte tous les jours sur une situation qui, elle, n'est pas vraiment drôle.

Vingt-six lettres, vingt-six chapitres, vingt-six jets de vitriol

A comme avertissement
B comme bienvenue au club
C comme calendrier
D comme discipline
E comme examen
F comme formation
G comme genèse
H comme hommage
I comme immigration
J comme jeux
K comme kilos
L comme lexicologie
M comme mœurs
N comme nouveaux métiers
O comme offre d'emploi
P comme P.D.G.
Q comme Q.I.
R comme résumé
S comme solution
T comme témoignages
U comme université
V comme virer
W comme whisky
X comme X
Y comme y en aura pour tout le monde
Z comme zob

Un propos nuancé

Mesdames, messieurs, prenez garde !

Ce livre n'est pas à mettre entre les mains :

- des Premiers ministres qui font ce qui est en leur pouvoir mais rien que ce qui est en leur pouvoir pour enrayer le chômage.

- des employés des agences pour l'emploi qui n'ont aucun intérêt à voir le chômage se résorber puisque ça leur ferait perdre leur propre emploi.

- du ministre de l'Emploi qu'il pourrait réveiller.

- des leaders syndicaux qu'il pourrait endormir.

- des gens aux mains sales ou mal lavées qui pourraient le tacher.

- des ordinateurs qui, par un mystérieux complot planétaire et malgré une course effrénée vers l'ultra-précision, continuent à afficher des statistiques de chômage inférieures à la réalité.

- des immigrés qui pourraient être tentés d'exporter la formule chez eux pour nous traiter plus confortablement de colonialistes.

- des patrons qui pourraient n'y trouver qu'une occasion supplémentaire de se gausser des déboires des classes laborieuses.

- des chômeurs auxquels il pourrait donner l'excuse idéale pour persister à ne rien foutre.

- de tous ceux qui croient que le chômage est une maladie vénérienne.

- de Dieu qui, quoi qu'il pourrait en dire s'il pouvait parler plus distinctement, y est obligatoirement pour quelque chose mais feint de ne pas le savoir.

En revanche,

ce livre est à offrir de toute urgence :

- aux Premiers ministres qu'il pourrait aider à meubler leurs temps libres lorsqu'ils seront eux-mêmes au chômage, ce qui ne devrait tarder.
- aux employés des agences pour l'emploi qu'il distraira de la kyrielle de jérémiades que leur fonction sous-payée et mésestimée les condamne à écouter à longueur de journées.
- aux ordinateurs qu'il divertira plus que ces amas de données statistiques qu'ils sont de toute façon incapables d'interpréter correctement.
- aux immigrés qu'il aidera à découvrir concrètement les charmes typiques et le folklore pittoresque des sociétés occidentales.
- aux chômeurs qui peuvent bien faire ça pour un auteur méconnu qui a des traites à payer et un canari à charge.

Et en vrac :

- à tous ceux qui ne l'ont pas encore acheté.
- à tous ceux qui ne l'ont pas encore lu.
- à tous ceux qui ne l'ont pas encore écouté.
- à tous ceux qui ne l'ont pas encore goûté, aimé, fait connaître autour d'eux.
- à notre mère qui nous dit fainéant mais lave notre linge.
- à tous ceux qui croient que le chômage est une maladie vénérienne.
- à Dieu parce qu'on ne peut pas y échapper et qu'une dédicace à son nom, ça peut toujours servir un jour.

(pages 6 à 8)

Lorsqu'il créa le monde, Dieu dit à Adam et Eve :
- Vous travaillerez six jours par semaine et le septième jour, le dimanche, vous vous reposerez.
L'homme et la femme se regardèrent puis s'exprimèrent chacun à leur tour par ordre d'importance dans la création.
- Merci, Seigneur, remercia Adam.
Eve qui n'avait pas oublié d'être conne voulu négocier :
- On ne pourrait pas prolonger à un week-end, quémanda-t-elle sur le ton le plus badin qu'elle put trouver sur le moment.
Dieu que son âge canonique avait largement versé dans la catégorie des sourds et malentendants demanda :
- Quoi ?
- On dit "pardon" et pas "quoi", fit remarquer assez justement Adam.
- On vous demande un jour de congé hebdomadaire en plus, beugla Eve qui avait fait l'expérience de la surdité, au début, avec Adam et qui savait y faire.
Dieu se redressa dans la mesure où il put.
- Vous aurez des jours fériés, décréta-t-il dans son immense bonté.
- Merci, Seigneur, flagorna Adam.
- Ce n'est pas la même chose; les jours fériés, ils tombent toujours séparément. On ne pourra pas partir avec la caravane, raisonna Eve.
Dieu tenta vainement de se redresser un peu plus.
- Mais vous êtes au paradis, vous êtes toujours en vacances, observa-t-il sagement en faisant craquer ses divines jointures.
- Merci, Seigneur, laissa tomber Adam qui ne suivait plus rien à la conversation.
- On n'est jamais certain de rien, argumenta prémonitoirement Eve.
Dieu leva le sourcil droit en signe d'étonnement.
- Et mettons tout ça sur papier, ajouta Eve sans se démonter.
- Oui, acquiesça Adam.
Il y eut un bref moment de silence. Un ange passa, les mains dans les poches.
-Tu quoque fili mi, sentença Dieu qui avait son dictionnaire des citations à côté de lui.
- Et nous nous syndiquerons, surenchérit Eve.
A ces mots, Dieu fronça lentement le sourcil gauche; un gigantesque éclair zébra le ciel.

(page 50)

Une presse qui n'a pas chômé !

L'humour à la Watrin, c'est un grand coup de gueule contre la société sclérosée, un trait d'humeur aiguisé, acéré et tranchant. (…) Un bon bol d'air frais pour celui qui aime prendre une pinte de bon sang.
(Alain Depret – Le Peuple du 23 octobre 1997)

Dominique Watrin récure les circonvolutions cérébrales à giclées de cogitations javellisantes : ça fait le plus grand bien. Et je vous jure que je ne suis pas sado ! (…) Dominique Watrin entreprend une démarche rarissime, tablant sur la maturité d'un public trop souvent confronté au prêt-à-mâcher.
(Nadine Thiry-Lebrun – La Nouvelle Gazette du 15 octobre 1997)

De A comme Avertissement à Z comme Zob, L'auteur donne libre cours à son délire d'une lucidité surprenante. Caustique à l'envi, l'humour de Watrin décape le vernis de nos bonnes consciences. (…) Entre rire et désespoir, sans fausse pudeur, Dominique Watrin navigue à contre-courant et remonte le cours de notre bêtise.
(Frédéric Loore – La Dernière Heure du 26 janvier 1998)

Ce livre est une farce monumentale, hors normes, hors conventions de pensée et de langage. Ni une pièce de théâtre, ni un recueil humoristique, ni une analyse politique, ni un guide, c'est… un peu tout cela en même temps.
(Françoise Robert – Traverses)

Dominique Watrin pousse ces raisonnements jusqu'au bout de leur logique immonde. Et il en arrive ainsi à dénoncer l'absurdité d'une société d'égoïsme et d'exclusion où les intérêts financiers règnent en maîtres. (…) C'est un excellent outil de formation et de débats, à lire ensemble, au second degré bien sûr.
(Anne-Marie Pirard – Info CSC du 24 octobre 1997)

Chôme toujours, tu m'intéresses ! est un énorme éclat de rire jaune qui fait "splash" comme un pavé dans la mare aux discours tièdes et aux théories vaseuses.
(Jean-François Lermusieau – Avancées d'avril 1998)

Un petit bouquin bourré d'un humour mâtiné de noirceur. (…) Dominique Watrin réussit son coup, souriant aigre-doucement de notre société qui tourne (mal), comme éperdument après sa queue.
(André Stas – Le Carnet et les Instants)

Dominique Watrin a choisi la voie de l'humour corrosif : c'est pour mieux dénoncer ce fléau que "Chôme toujours, tu m'intéresses !" manie la provocation.
(Hubert Wattier – Nord Eclair des 4 et 5 janvier 1998)

 

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