par Dominique Watrin
Éditions de la Renaissance du Livre, 128 p., 2018.
Icône et symbole parfait de la Belgique (très) profonde, la voisine Fernande revient en force et en farce dans cette deuxième compilation de ses mésaventures. Toujours avides de se rendre mutuellement service, elle et son auteur de voisin enchaînent les bonnes intentions et les petits cadeaux qui se muent systématiquement en dérapages catastrophiques et en cascades de gags. Au-delà des situations et des rebondissements hilarants, ces épisodes burlesques sont l’occasion de découvrir un portrait au vitriol enrobé de miel d’une province souriante, bon enfant et profondément humaine qui ressemble à toutes les autres provinces. Une cinquantaine de séquences contées en images à déguster comme des petits bonbons fondants.
À travers ses billets radiophoniques hebdomadaires dans l’émission Les Enfants de Chœur sur la chaîne belge VivaCité, Dominique Watrin a popularisé le personnage haut en couleurs de sa voisine Fernande qui devient souvent, pour chaque auditeur, sa propre voisine, qu’elle s’appelle Josette, Maria ou Francine. Ce journaliste et sociologue de formation réalise la synthèse des démarches qui lui sont chères : raconter des histoires de gens de la rue et, au-delà de la multiplication des récits cocasses, en offrir une vision qui interroge sur l’humanité.
Les 4 saisons de ma voisine Fernande, ce sont les aventures d’une héroïne prénommée comme celle de la célèbre chanson de Georges Brassens, mais en beaucoup moins émoustillant. Le livre est composé d’un chapelet de courts chapitres qui sont autant de jalons d’une année de vie dans un quartier paisible… ou presque. De la vigoureuse entrée en matière matérialisée par Le dentier de Fernande au bouquet final de L’ode à Fernande, l’auteur construit par petits traits le portrait d’une vieille dame truculente. Les 4 saisons de ma voisine Fernande, ce sont 4 déclinaisons météorologiques de la vie de Fernande. Moins mélodieuses et plus surprenantes que celles de Vivaldi, ces 4 saisons sont la preuve irréfutable, attendue par tous les climatologues, que, décidément, il y a vraiment quelque chose qui s’est déglingué sur cette planète.
Les 4 saisons de ma voisine Fernande, ce sont 4 déclinaisons météorologiques de la vie de Fernande. Moins mélodieuses et plus surprenantes que celles de Vivaldi, ces 4 saisons sont la preuve irréfutable, attendue par tous les climatologues, que, décidément, il y a vraiment quelque chose qui s’est déglingué sur cette planète.
C’est une coutume, chaque printemps, Fernande entame un gros chantier de travaux et, cette année, elle a décidé de s’attaquer à une urgence : son dentier. Pour être honnête, ça faisait longtemps qu’il ne fonctionnait plus bien. Il faut dire qu’elle l’avait acheté il y a plus de trente ans, juste avant de partir en voyage en car à Montélimar, pour éviter de devoir sucer ses nougats devant les gens.
(page 11)
Pour ma voisine Fernande, le rendez-vous clé de la semaine, c’est le samedi matin, le jour de ses cheveux. Une semaine sur deux, elle va chez la coiffeuse pour la remise à neuf du chantier et, l’autre semaine, elle se met un bric-à-brac de bigoudis pour tenir jusqu’au samedi de la coiffeuse. La semaine dernière, c’était son samedi de bric-à-brac. Le hic, c’est que, la veille, Fernande avait prêté son stock de bigoudis à son amie Thérèse pour toiletter son caniche et que le chien n’était pas fini.
(page 22)
On a beau être passé à l’euro il y a des années, la devise de ma voisine Fernande n’a jamais changé, c’est « Un franc, c’est un franc ! » Vendredi dernier, elle a sonné à ma porte et m’a dit : « Les pompes funèbres liquident tous les cercueils à moins 50 % parce que le croque-mort est mort. Je vais aller acheter le mien. Est-ce que tu peux me conduire pour qu’on puisse ensuite le ramener chez moi dans ta voiture ? »
(page 39)
Le soir, Fernande, elle a ses rituels. À 20 heures, elle sort son chien Snoopy dans le jardin pour son dernier pipi et elle l’encourage avec des « Allez gamin, faites votre pipi », quelquefois sans doute qu’il croirait qu’elle l’envoie fumer une cigarette.
(page 43)
Quand les premières chaleurs de l’été surviennent, chez ma voisine Fernande, ça se voit tout de suite à deux changements : les auréoles larges comme des poêles à paella qui surgissent sous ses aisselles et le presse-fruits qui apparaît sur la table de sa cuisine.
(page 63)
Chez ma voisine Fernande, c’est sacré, dès que le premier froid arrive, elle fait du potage. En langage normal, ça veut dire qu’elle jette des légumes au hasard dans de l’eau salée et qu’elle cuit le tout grossièrement, c’est-à-dire en injuriant son chien Snoopy parce que, comme elle dit, « Il est toujours dans mes pieds », même que, quand on voit les pieds de Fernande, on se dit qu’il n’y a que son chien qui peut avoir envie d’être dedans.
(page 75)
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