Un bon coup de Gueule

Le coup de gueule du mois

Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !

Les numéros deux

Personnellement, je ne connaissais pas ce type, mais quand on a annoncé que le numéro deux du Vatican avait affirmé : « Le célibat des prêtres n’est pas un dogme. Il est possible d’en discuter. », je me suis dit : « Je comprends pourquoi il y en a qui ne sont que numéro deux ». Quand je pense que tous les numéros un de son boulot s’escriment, depuis les siècles des siècles, à clamer que le célibat des prêtres est o-bli-ga-toi-re et que mettre autre chose dans la bouche d’une femme que le corps du Christ, c’est un péché, et voilà monsieur Je-sais-tout qui vient à peine de débarquer comme numéro deux (alors que, si ça tombe, il y a six mois, il était encore numéro 386)  et qui dit déjà exactement le contraire. De quoi je me mêle ? Qu’il se marie, lui, au lieu de faire son malin pour les autres. Si ça continue comme ça, demain, le numéro trois hurlera sans doute que la croix dans les églises n’est pas un dogme, qu’on peut mettre aussi une horloge ou un poster de femme à poils. Et le numéro quatre ajoutera que l’hostie n’est pas un dogme, qu’on peut la remplacer par une pizza quatre fromages ou un cervelas !

 

Moi, je voudrais m’adresser à tous les numéros deux que je ne connais pas encore et leur dire : laissez causer les numéros un ! C’est LEUR boulot ! Imaginez si tous les numéros deux s’y mettent.

 

Le numéro deux du Dalaï-Lama, le Dalaï Panda ou le Dalaï Cancrelat (je ne connais pas son nom) qui dirait : « Interdire à un Flamand de quinze ans de devenir moine bouddhiste, n’est pas un dogme ! On peut en discuter. », ça ne va pas. S’il dit oui, dans cinquante ans, ils ont un Dalaï-Bompa…

 

Le numéro deux de la police qui dirait : « La sobriété au volant n’est pas un dogme. On peut discuter jusqu’à 2,5 grammes. », ça ne va pas. Les agents seraient obligés de faire les tests d’alcoolémie avec des mirlitons…

 

Le numéro deux du chemin de fer qui dirait : « La ponctualité des trains n’est pas un dogme. On peut discuter jusqu’à quatre heures de retard. », ce serait exagéré. Il faut penser aux usagers : quatre heures de retard, c’est quand même une heure de plus que la moyenne actuelle.

 

Le numéro deux des TEC qui dirait : « L’honnêteté des chauffeurs de bus n’est pas un dogme. Si leurs collègues sont d’accord, ils peuvent prendre l’argent des titres de transport pour eux. », ça ne va pas. Il y aurait plus de chauffeurs que de passagers dans les bus ! 

 

Enfin, LA numéro deux du palais royal qui dirait : « M’appeler « majesté » n’est pas un dogme. On peut en discuter. Si vous voulez m’appeler « cuisses de gazelle » ou « La meuf à Fifi », c’est comme vous voulez. », ça ne va pas. Parce qu’alors, on devrait aussi dire « Paola, la belle-mère à Delphine » et « Fabiola, la Malvira de Laeken ». Et ça, personnellement, vous me connaissez : j’ai vraiment trop de respect !


Created by pixFACTORY