Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Comme je disais toujours autrefois à ma mère quand elle rouspétait parce que je prenais ses bas de contention pour jouer à Thierry La Fronde, sous prétexte que c’était cher : « Au diable, les varices ! ». Personnellement, je ne suis pas radin, mais, quand j’ai vu que Cindy, une bruxelloise de vingt-quatre ans, a mis sa virginité en vente pour 100.000 euros, je me suis dit : « C’est une bonne idée ! Voilà l’occasion de me faire un peu d’argent facile. ». Le lendemain, j’ai donc mis discrètement une annonce sur le site deuxiememain.be. Après avoir bien réfléchi, parce qu’il ne faut pas indiquer n’importe quoi, sinon on a des problèmes avec Test-Achats, j’ai écrit « À vendre virginité d’occasion, très bon état, premier propriétaire ». Et, pour faire sérieux, j’ai ajouté : « Contrôle technique ok, peu servi. ». Et j’ai joint une photo de moi, couché en nuisette sur une peau de mouton, pour aguicher les acheteuses. Comme prix, j’ai indiqué 99.000 euros, c’était un peu brader vu que je suis encore pas mal conservé, mais c’était pour faire jouer la concurrence avec Cindy.
Le lendemain, je me suis rendu compte qu’il avait dû y avoir une panne d’Internet pendant la nuit, parce que personne n’avait encore répondu à mon annonce. À part un type qui avait écrit « Avec la tête que t’as, c’est sur troisiememain.be que tu dois aller ! », mais ça venait sûrement de quelqu’un comme Georges Clooney ou Brad Pitt qui voyait débarquer, en ma personne, une concurrence particulièrement redoutable sur le marché de la séduction ! Comme j’ai le commerce dans le sang depuis tout jeune, même que j’ai réussi à revendre à ma mère les billets de tombola d’école de l’année d’avant pendant toutes mes primaires, j’ai barré 99.000 euros dans l’annonce et j’ai indiqué : « Faire offre à partir de 9 euros ». Et pour faire monter la pression sur l’imaginaire érotique des acheteuses potentielles, j’ai ajouté une photo de moi sur laquelle j’avais ôté ma nuisette.
C’est le lendemain que je me suis rendu compte que, quand on organise des campagnes de vente, l’important, c’est d’être patient. Je n’avais toujours pas une seule acheteuse. La timidité, peut-être ! Il y avait juste un deuxième commentaire qui demandait : « Les neuf euros, c’est pour le grand abruti ridicule ou pour le slip kangourou qui baille ? ». Encore une tentative de déstabilisation ! En fin commercial, j’ai directement répliqué à cette attaque. J’ai barré le 9 euros et j’ai indiqué : « Offre flash : un euro ! Tout doit partir. ». Et, en dessous, pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai ajouté un petit cadre avec « prix rouge en réaction ». Chez Colruyt, ils font toujours ça et ça marche. Ça fait une semaine de ça ! Et toujours rien. Alors, si l’une d’entre vous est intéressée, elle peut me contacter discrètement. Désormais, un euro, c’est un prix à discuter !