Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Le sms vient de fêter ses vingt ans et, grâce à lui, le monde a découvert une merveilleuse nouvelle manière de communiquer où tout le monde est à égalité en orthographe, où un patron peut licencier le personnel de son entreprise sans serrer une seule main sale d’ouvrier, et où on peut plaquer en trois coups de pouce un amoureux encombrant mais rentable sans devoir lui rendre la bague en or qu’il nous a offerte la veille : la communication par-fai-te ! Et, grâce à l’avancée technologique du gsm, ce fabuleux sms a traversé l’âge critique le menant à ses vingt ans, de la même manière que les jeunes pubères qu’il a accompagnés dans le développement de leur scoliose et de leur arthrose du pouce : en multipliant les boutons !
Au coeur de cette ère nouvelle de progrès éternel, je voudrais mettre à l’honneur quelques anonymes dont l’exploit a marqué l’histoire du sms dans notre pays. Je félicite donc :
- Mademoiselle Mélissa B. de Vielsalm, 32 ans, qui a rédigé 235.864 sms et vécu 29.217 heures l’oreille collée au gsm et qui vient de réussir brillamment sa quatrième année primaire, preuve que l’usage intensif du gsm ne provoque aucune lésion au cerveau.
- Christopher C. de Jodoigne qui est parvenu à harceler ses 47 petites copines successives d’injures par sms avant de se rendre compte que, pour ne pas être reconnu, il fallait qu’il cache son numéro.
- Madame Marie-Colette S. de Tournai qui a réussi à rédiger douze sms collectifs successifs sans interruption pour souhaiter une bonne année à ses quatre enfants et neuf petits-enfants, soit un sms par lettre, en confondant la touche « envoyer » avec la touche « espace », ce qui lui a fait un total de 432 sms en 33 secondes, record national battu !
- N’oublions pas Monsieur Léopold V. de Bruxelles qui, suite à un spot télévisé de sécurité routière, branche systématiquement son gsm sur son kit main libre pour envoyer des sms, et descend donc dans son garage chaque fois qu’il doit en envoyer un.
- Mention spéciale à Madame Marie-Louise N. de Manage qui a conservé son gsm dans son emballage d’origine depuis le jour où elle l’a reçu à ses enfants pour sa fête des mères en 1993 et qui a renoncé à s’en servir parce qu’elle n’arrivait jamais à le sortir de son emballage et à décrocher avant qu’il n’arrête de sonner.
- Citons aussi Monsieur Louis R. de Marchin qui a renoncé à l’usage du gsm sur ordre de son médecin, de son kiné et de sa mutuelle, pour lésions musculaires multiples occasionnées en essayant de rédiger des sms en tenant le gsm contre son oreille pour entendre la réponse.
- Et enfin, un bravo final à Madame Fernande T. de Binche qui a réussi à laisser en attente, dans son gsm, durant 19 ans, 364 jours 8 heures et 27 minutes (record du monde), un message disant (je cite) : « Bonjour Fernande ! C’est Dominique. Votre chat est coincé dans mon cerisier. C’est urgent ! ». Message personnel à ma voisine Fernande, si elle m’écoute en ce moment : ne vous précipitez plus, Fernande, le chat est mort !