Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
L’information va sans doute provoquer un gigantesque séisme dans la sphère politique internationale, mais mon intégrité wallonne (et une petite enveloppe aussi, parce que l’intégrité wallonne a ses limites) m’incitent à vous la dévoiler. Un document ultra-confidentiel que j’ai eu entre les mains, via le trésorier de la section « Hainaut » de l’amicale du personnel de la sécurité de l’État, atteste qu’avant de soutenir financièrement Nicolas Sarkozy aux présidentielles de 2007, le Colonel Kadhafi aurait financé la campagne d’un candidat aux élections communales de Binche en 2006.
Cette opération baptisée « Les gilles de paix » aurait engagé un montant, astronomique pour l’époque, de 102,50 euros destiné à fabriquer trois tee-shirts et trois K-Way taille XXL, au bénéfice de Raymond Verhelst, 93 ans, quatrième suppléant sur la liste « Renouveau communal », avec comme slogan « L’avenir est à nous ». 100 des 102,50 euros auraient transité de Tripoli vers un compte épargne ouvert à l’agence du Crédit Condruzien à Ciney, au nom de Gérard Verhelst (prénom d’emprunt). Elle aurait été aussitôt transférée sur un compte Dexia (c’est vous dire la prise de risque insensée) de l’agence de Goutroux, au nom de Marcel Verhelst (prénom d’emprunt), avant d’être ensuite acheminée vers Binche sur 27 km, dans le double fond d’un sac Aldi, par bus des TEC (pour déjouer les filatures avec les trente-deux changements de correspondance habituels), Binche où elle aurait été blanchie par l’achat fictif de billets de la tombola de l’Association des Commerçants du quartier du « Vert pachî ». Par souci de sécurité, les 2,50 euros de monnaie auraient été acheminés séparément dans le talon creux de la chaussure d’un passager embarqué sous le faux nom de Mouammar Verhelst (prénom d’emprunt) dans un vol RyanAir Tripoli-Gosselies omnibus avec escale à Cul-des-Sarts, Cerfontaine et Solre-Saint-Géry, passager qui aurait transmis le pactole, en le déposant à la collecte de la messe dominicale du mercredi de l’église Saint-Gille de Binche, grâce à la complicité de l’enfant de choeur, Bryan Verhelst (prénom d’emprunt). Et voilà, le tour était joué ! C’est simple, mais il fallait y penser !
En échange de ce soutien inespéré au démarrage en trombe de sa carrière politique, Raymond Verhelst se serait engagé à faire adopter les mesures suivantes après son élection :
- signature d’un accord commercial de remplacement des oranges lancées lors du carnaval de Binche, par des pastèques en provenance de Libye ;
- changement de dénomination du folklore binchois de « Carnaval de Binche » en « Carnav-halal de Binche » ;
- fourniture à l’armée libyenne de mitraillettes binchoises, mais uniquement avec brochettes de poulet et sauce samouraï ;
- garantie du veto binchois au Conseil de Sécurité de l’ONU, en cas de vote d’un embargo économique contre la livraison de Chokotoff à la Libye ;
- déblocage des avoirs libyens coincés à l’agence du Crédit du Hainaut de la Grand-Place de Binche ;
- et, enfin, envoi d’une assiette en étain à l’effigie de l’hôtel de ville de Binche à chaque épouse du Colonel Kadhafi.