Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !

Mon recyclage des implants

Je suis rarement scandalisé, mais là, je suis carrément outré ! Quand j’ai appris que des femmes allaient devoir être mutilées par l’extraction de leurs prothèses mammaires parce que celles-ci sont constituées de silicone industriel, je me suis levé comme un seul homme, puisque j’étais tout seul, et je me suis écrié : « C’est honteux ! Quel drame ! On va jeter à la poubelle des tonnes de silicone qui pourraient encore rendre d’énormes services. ».

Désolé mais, même si j’ai perpétuellement tendance à m’émouvoir trop vite, il faut que je fasse taire mon sentimentalisme naturel face à ce gaspillage ! Ma position est donc claire : par respect pour l’environnement, il faut conserver tous ces implants de la marque P.I.P. (je me demande au passage si on les aurait appelés P.O.P., si leur nom avait été POP, mais soit !) et recycler chez nous, dans sa fonction première, le silicone de ces prothèses tombées du ciel, surtout si la victime est hôtesse de l’air.

Messieurs, soyez donc rassurés, le plus important est sauf ! Si la poitrine de votre femme n’est pas encore amortie, vous pouvez encore récupérer une partie de votre investissement en réduisant la déperdition énergétique de votre habitation.  Afin que vous puissiez choisir en toute connaissance de cause entre le divorce et le recyclage mammaire, voici un bref aperçu de la valeur actuelle de votre femme en joints de châssis :

- Bonnets A : une chatière ;

- Bonnets B : un velux ;

- Bonnets C : une fenêtre classique (avec chassis oscillant-battant ou pas, ça n’a rien à voir) ;

- Bonnets D : une porte d’entrée (tour de judas inclus) ;

- Bonnets E : une porte de garage (même pour deux voitures, en tirant un peu dessus, on doit y arriver) ;

- Bonnets F : une vitrine de magasin (un commerce de détail bien sûr, pas un supermarché !) ;

- Bonnets G : un immeuble à appartements ;

- Bonnet Lolo Ferrari : une cité d’habitations sociales.

Alors, messieurs, ce n’est pas parce que votre femme va perdre ses seins qu’il faut laisser tomber les bras.  Passez à l’action ! Petite astuce de professionnel : si vous êtes correctement outillés, ne vous faites pas gruger une deuxième fois par un chirurgien sans scrupule.  Opérez votre femme vous-mêmes en l’incisant après l’avoir positionnée face au châssis : ce sera peut-être un peu plus douloureux pour elle, mais ça évitera que le silicone sèche.  Et si vous n’êtes pas sûr de vous, commencez par un sein, et arrêtez tout si ça ne va pas.  Mais sachez-le d’ores et déjà, les prothèses P.I.P., c’est l’avenir de l’isolation.  Surtout dans un pays qui, comme la majorité des femmes opérées, n’arrive plus à joindre les deux bouts !