Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Comme disait Virginie Efira, en exhibant l’une de ses deux prothèses mammaires, après avoir reçu son Magritte du cinéma belge : « Ceci n’est pas une P.I.P. ! ». C’est un scoop : croyant ne pas avoir reçu de Magritte parce que leur dernier film était moins rigolo que les précédents, les frères Dardenne, auraient entamé secrètement la réalisation d’une version wallonne du carton cinématographique, « Les Intouchables », sous le titre de « Les Incapâââppp ».
Ce film se déroulera dans une cité d’habitations sociales de la commune de Loncin, jugée plus rigolote que Seraing où étaient tournés leurs autres films, à cause de son nom. Le jeune délinquant (incarné en France par Omar Sy) se prénomme Panda, en raison de l’admiration de son père pour le pasteur Pandy. Ce jeune triple sa quatrième année en section boucherie-tuning à l’Athénée Gilbert Bodart de Sclessin qu’il fréquente comme externe parce qu’il vit le reste du temps dans un nouvel IPPJ construit à Botrange par la ministre Marie-Dominique Simonet à qui on avait demandé de donner un signal aux jeunes en perdition, mais qui n’avait pas tout compris.
Un handicapé recrute ce jeune pour le conduire à son boulot de modèle nu à mi-temps pour les sculptures de Delphine Boël, c’est vous dire à quel point il est salement arrangé. Le handicap qu’il a dans le film français a été modifié, par les frères Dardenne, par un handicap wallon : il a un poil dans la main qui le paralyse !
La distribution sera cent pour cent wallonne ! Pour le rôle de handicapé de François Cluzet, il fallait quelqu’un qui puisse rester sans bouger, à ne rien faire. Ils ont essayé Charles-Ferdinand Nothomb, mais ça n’allait pas, il bouge encore ! Le rôle sera donc assuré par Bernard Wesphael qui est sous Temesta depuis sa démission d'Ecolo. Pour le personnage du jeune, les frères Dardenne ont embauché un humoriste confirmé, comme Omar... en la personne du désopilant Francis Delperée, surnommé « le Zavatta de la réforme de l’État ». C’est lui qui poussera la chaise roulante spécialement fabriquée pour le film par une équipe d’Arcelor Mittal qui a fourni un modèle en acier d’une tonne et demie.
Sur le plan technique, comme toutes les scènes sont filmées caméra à l’épaule, les frères Dardenne ont dû supprimer les séquences en voiture parce qu’ils n’arrivaient pas à courir assez vite pour suivre la Golf de 1983 qu’ils avaient reçue à prêter pour le tournage par le service « pièces à conviction » de la cellule d'enquête sur les tueries du Brabant. Ils ont donc remplacé ces scènes par la mire, mais ont inséré dans le film une réplique culte, ultra-drôle et typiquement wallonne qui va marquer les esprits : « Pas de main, pas de pot-de-vin ! ».