Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Même si j’ai été tenu en éveil pendant une nuit complète par tous les Birmans de Binche qui sillonnaient les rues en klaxonnant pour fêter les résultats de leurs élections, je voudrais m’associer à leur joie en partageant brièvement ma connaissance de ce pays au charme si discret. La Birmanie aurait été fondée par Birman, un super héros, collègue ninja de Superman et Batman, qui, selon la légende, combattait ses ennemis à coups d’« à fond » à la bière, d’où son nom. Le pays est dirigé à la baguette (ce qui est courant en Asie) par une junte militaire composée de généraux dont la distraction favorite est de s’adonner à un jeu d’enfant qui s’appelle « Petit poisson, peut-on passer le Khmer rouge ? » auquel tout le monde perd, et ça les fait rire, mais jaune. Les principaux généraux s’appellent J1, D2 et F7 mais ce sont des noms de code, leurs vrais noms étant Henri Sautéo-Poulet, Lucas Narlaquez et Laugustine Saucet-Gredouce. L’opposante mythique aux généraux a préféré, elle, garder son nom complet ; elle s’appelle A5 Sushis !
Certaines informations ont déjà filtré sur la composition possible du futur gouvernement birmaneur. Je suis ravi de pouvoir l’annoncer en primeur : Zaw Thakin Tun devrait occuper le ministère des Travaux forcés publics tandis que Maung Sein Sao dirigerait le poste de Ministre de l’Immobilité et du Sous-développement durable. Le ministère de l'Inégalité des Chances devrait, lui, être occupé par Win Win. Tout cela est à mettre au conditionnel, bien sûr. La principale pomme de discorde… Pardon ! La principale papaye de discorde (il n’y a pas de pomme en Birmanie) est institutionnelle : la scission de l’arrondissement de R-M-A (Rakhaing-Magwe-Ayeyarwady). Le gros rocher d’achoppement (parce que c’est vraiment une grosse pierre) est une série de villages dits « à difficultés » dont les chefs ne sont toujours pas nommés, mais je n’en dis pas plus parce que cette situation est tellement compliquée qu’elle est incompréhensible ici en Belgique.
Sur le plan culturel, la Birmanie a une grande tradition de chanson. Dès leur plus jeune âge, les Birmanistes apprennent des chansons enfantines comme « Éléphants, phants, phants, les petites marionnettes… », « Bouddhistes dans les prés, fleurissent, fleurissent… » ou « Mitraillette, junte à mitraillette… ». Les tubes musicaux les plus célèbres en Birmanie sont « Un nem, moi non plus » ou « Moi, j’aime tirer » du célèbre groupe birman Village Boat People. La Birmanie compte aussi le seul sosie officiel de Claude François pour toute l’Asie, dont les grands succès sont « Nid d’hirondelle delle-delle-delle comme le jour » et « Le Thaï aphone pleure ».
Enfin, pour ceux qui souhaiteraient aller fêter sur place l’élection de A5 Sushis, voici les prévisions météorologiques birmanes pour les prochains jours : un anticyclone centré sur l’Océan indien détermine favorablement la mousson. Après la dissipation des brumes alcooliques post-électorales, les températures sous pagode s’échelonneront de 28° à Talok Babai à 42° à Naypyidaw. Il y aura un très très très faible risque de gelée au sol. Pour les planteurs de betteraves : type de temps A. Le dicton du jour : « Ou tin maon twébô, mo ti tcha-né-dè », ce qui veut dire « Paysan bourré au chant du coq, pas de soja dans le wok ».