Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Que les Américains qui me lisent ne se vexent pas, mais s’il y a des gens qui ergotent sur cette planète en ce moment, c’est bien eux. Pendant que, nous, Belges, on s’attache à régler des problèmes historiques majeurs en votant pour réélire, pour la trente-troisième fois depuis la seconde guerre mondiale, les types qui ont foutu notre pays dans la merde pour qu’ils le refoutent dans la merde, eux, ils chipotent sur des problèmes de nettoyage d’eau de mer et de fuite de pétrole. Désolé, mais on voit tout de suite ceux qui ont du temps à perdre, hein ! Comparaison n’est pas raison, mais moi, à mon humble niveau, quand je déborde en faisant le plein de ma voiture, je ne rameute pas la terre entière pour que l’armée vienne mettre des barrages flottants autour de ma bagnole.
Chacun cernera les dimensions ridicules du chipotage des Américains lorsque j’aurai précisé que cette nappe de pétrole ne mesure que 9000 km2, soit à peine un tiers de la Belgique, deux tiers de la Wallonie, 120 fois BHV ou 400 fois Rhode-Saint-Genèse. En résumé, pour que tout le monde comprenne bien, si on multiplie Linkebeek par Crainhem exposant Wezembeek-Oppem, et qu’on y ajoute la vitesse de la démission du gouvernement divisée par l’intransigeance de Bart De Wever et d’Olivier Maingain, on a une idée de l’ampleur dérisoire des dégâts qui menacent les côtes américaines à côté – et je ne parle que pour moi – du raz-de-marée d’indifférence qui risque de submerger les bigoudis de ma boulangère en cas de scission de BHV.
En plus, à quoi les Américains ont-ils pensé, en premier lieu, pour se débarrasser de cette nappe de pétrole ? Y mettre le feu ! Foutaise, évidemment. Nous, les Belges, on le sait. Ça fait des années qu’on fout le feu au problème BHV et on n’en est toujours pas débarrassé ! Sans vouloir vexer les agents de la CIA qui me liront sûrement, cette marée noire, c’est peut-être une aubaine pour les États-Unis. Réfléchissez un peu :
- pour les petites grillades de poisson, plus besoin de produit d’allumage pour faire démarrer le barbec, il sera fourni directement DANS le poisson ;
- plus non plus de tentative d’attentat des islamistes, puisque, grâce au pétrole, toutes les Américaines qui iront nager dans la mer en ressortiront automatiquement en burqa (100% naturelle) ;
- plus non plus de Ku Klux Klan, puisque les Américains aussi, après leur première baignade, seront tous noirs ;
- plus de gaspillage d’électricité, puisque l’exécution des condamnés à mort sur la chaise électrique pourra être remplacée par l’exécution par mazoutage, qui, en plus, est plus lente et donc plus distrayante ;
- enfin, pour les vacances qui arrivent, plus de perturbation sur les plages : une mouette mazoutée, c’est une mouette qui ne vole pas et une mouette qui ne vole pas, c’est une mouette qui ne se vide pas les entrailles en vol sur les vacanciers qui bronzent sur le sable et ça, ça n’a pas de prix.