Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !

Le retour de Justine Henin

Comme disait un de mes voisins qu’on n’aurait jamais pu soupçonner d’intelligence avec l’ennemi (ni avec personne d’autre d’ailleurs) : « Quand une femme est claire, c’est qu’elle travaille chez un notaire ! ».  Mais quand même ! Le retour de Justine Henin à la compétition, juste après celui de Kim Clijsters et juste avant celui de Tia Pizza Hut, ça fait un peu « Je ne sais pas ce que je veux ».

Bon, Kim et Tia, d’accord, elle sont flamandes et c’est apparemment aussi mystérieux qu’héréditaire, ces gens sont travailleurs et on ne peut pas leur en vouloir de payer nos pensions et d’entretenir nos chômeurs wallons, on ne va quand même pas se mettre à faire ça nous-mêmes.  Mais Justine.  Retourner suer sur les courts, est-ce vraiment délicat alors que l’élite de la nation comme mon fils n’arrive toujours pas à suer sur ses cours à lui ? Mais positivons : contrairement à Kim et Tia, Justine n’a pas fait d’enfant.  Quel soulagement quand on imagine ce que ça aurait pu donner et quand on voit comme elle sait déjà parler pour ne rien dire quand il ne lui arrive rien ! Moi qui n’aime déjà pas qu’on noie les jeunes de chat… Enfin ! Qu’on les noie tous sans m’en laisser noyer un… Il n’aurait pas fallu me demander deux fois de le faire avec sa progéniture si elle s’était mis à commenter sa naissance, en direct ou en différé, avec sa mère.

Sur le plan commercial, c’est clair que le retour de Justine à la compétition va plus relancer le marché de la casquette que celui du soutien-gorge et, sur ce coup-là, on ne va pas pouvoir l’accuser de faire le jeu des gros bonnets.  Ça risque même d’apporter un soutien involontaire inespéré au drame des producteurs de lait wallons. Mais, d’un point de vue plus général, ce retour à la compétition m’inquiète.  Il risque de donner des idées.

Je dis ça et je ne dis rien, mais j’ai entrevu, il n’y a pas longtemps Eddy Merckx sur un vélo.  Alors, si vous voyez, un jour, Gaston Roelants faire un jogging, Paul Louka s’entraîner dans un karaoke, Ayrton Senna rouler à tombeau ouvert… euh… non, ça, c’est un mauvais exemple,… Jacky Ickx s’exciter dans une auto-tamponneuse à la foire du Midi ou Charles-Ferdinand Nothomb faire réimprimer des affiches électorales, prévenez-moi.  Que je parte immédiatement - mais pour toujours, virgule, moi - comme le font les artistes de mon niveau… m’exiler aux Marquises !