Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Lorsque, comme moi, on est à ce point sans gêne qu’on se demande ce que les autres font chez eux quand on y est installé depuis deux minutes, le « wooncode » créé par les autorités flamandes pour obliger les gens qui s’installent en Flandre à se flamandiser, moi, ça me reste en travers de la gorge et pourtant, d’après la rumeur, y a de la place pour que ça passe, tellement j’ai un gros cou. En représailles, parce qu’il ne faut pas pousser Dominique dans les brandnetels (orties en flamand) MÊME quand il a son broek (pantalon), ce qui est plutôt rare, j’ai donc décidé unilatéralement de créer aujourd’hui le « Binchecode ». Pour se voir accorder un logement à Binche, tout citoyen flamand (ou apparenté) devra, par conséquent, désormais :
1- connaître parfaitement les principales institutions binchoises : « L’Excelsior », la Maison du Peuple, « Le Philippe II » et tous les autres bistrots de la ville, ainsi que les pans de rempart de la ville, restaurés grâce à un financement européen colossal du Fonds Objectif 1, uniquement pour permettre à tous les Binchois en virée d’aller y pisser, avec une fierté bien légitime de leur patrimoine architectural ;
2- se faire raccourcir une jambe de cinq centimètres pour pouvoir effectuer spontanément, à tout moment, la magnifique danse du gille qui fait la réputation internationale de la ville : la jambe gauche pour ceux qui sollicitent un logement portant un numéro impair, la droite pour les numéros pairs ;
3- arrêter sur-le-champ tout travail honnête pour ne pas faire affront à ses voisins qui n’en ont pas. Pour tout Binchois, le travail est dégradant quand il est déclaré et librement accepté. Comme le dit le célèbre dicton local : « Si tu donnes un poisson à manger à un Binchois, ça lui donnera soif. Si tu lui apprends à pêcher, il ira se bourrer la gueule à la mer tous les week-ends. » ;
4- offrir chaque semaine une modique somme d’argent en liquide, dans une enveloppe anonyme, à l’échevin socialiste compétent (je dis « compétent » pour déconner) afin d’accélérer le traitement du dossier de demande de logement. Attention ! Pour les Hollandais qui se présenteraient déguisés en flamands parce que nous, on ne voit pas la différence : seuls, les billets sont acceptés dans l’enveloppe ;
5- enfin, élément essentiel, montrer une connaissance minimale de la langue binchoise en sachant répondre aux deux seules questions usuelles que peut lui poser un Binchois : « On in boit co yune ? » et « T’as vu son cul à c’t’elle-là ? ».