Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
On ne s’y attendait pas, ça faisait des années, des siècles qu’on était habitué autrement et paf, c’est arrivé : cet automne, le noir est devenu à la mode. Grâce à Lewis Hamilton en course automobile et Barack Obama en course présidentielle, c’est inédit, le noir se porte non plus pauvre et enchaîné, ni rappeur et déchaîné, mais vainqueur et fier. Et quand je vois, qu’un noir occupera, pendant quatre ans, la Maison Blanche, sans souligner le contraste visuel, je sais que, désormais, ma mère ne devra plus me le répéter, elle a définitivement raison : le noir, ça va avec tout !
Barack Obama, pourtant, il me faudra du temps pour m’habituer. Déjà qu’il se fait passer pour un noir alors qu’il ne l’est qu’à 50% (c’est comme si moi, je me faisais passer pour « chevelu » !), mais se faire élire par des Américains dont les trois quarts se sont fait ruiner en achetant des maisons qu’ils n’ont plus su payer et se prénommer Barack, il y en a qui font tout pour qu’on se moque. Est-ce que ce type a pensé à tous ces enfants qui naîtront dans les prochaines semaines et que leurs parents euphoriques prénommeront Barack ? Barack ! C’est comme si Albert II s’était prénommé «Palais», Elio Di Rupo «Tente» (non, ça, c’est un mauvais exemple) ou Michel Daerden «Buvette». Quand je pense que les enfants de ma voisine d’en face portent les jolis prénoms anglo-saxons de Kimberley et Byron (à prononcer « Kèmberlé s’il te plé » et « birone, non de djeu » parce que j’habite Binche), je n’ose pas imaginer comment ils se seraient appelés s’ils étaient devenus présidents des États-Unis : Véranda et Petite Gayolle ? Pourquoi ce type n’a-t-il pas pris un prénom de chez lui en nous laissant nos noms à nous ? Building Obama, Camping-car Obama ou Mobilhome Obama, ça, ça fait américain ! Mais Barack…
Où est le bon vieux temps où les chefs de là-bas étaient des Indiens avec des noms bien à eux qui leur ressemblaient, comme Crazy Horse (Cheval Fou), Sitting Bull (Taureau Assis) ou Hot Dog (Chien Chaud) ? Alors, puisqu’ils ne s’en servent plus, on pourrait les leur prendre pour nos hommes politiques à nous. On pourrait, par exemple, renommer Didier Reynders, Iguane Cynique, Karel De Gucht, Écureuil Faux-Cul ou le Prince Philippe, Blaireau Subtil. Marie Arena deviendrait Marie Couche-toi-là-et-tais-toi et Anne-Marie Lizin, Anne-Marie Ne-te-couche-surtout-pas-c’est-inutile-j’y-arriverais-pas ! Quant à moi, je préfère rester Dominique-nique-nique, ça me va comme un gant (et je ne vous dis pas la taille du gant) et pour la promo, c’est l’idéal !