Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Comme dit toujours un de mes amis nain qui est arbitre de basket : « Plus grand, plus biesse ! » Il fallait s’y attendre, maintenant que les jeunes ont commencé à perdre leur temps à marcher pour le climat au lieu de dealer et de carjacker pour aider leurs parents à leur payer leurs smartphones et leurs consoles de jeux, des personnes âgées veulent aussi marcher pour le climat. Pour les aider, j’ai donc décidé de leur organiser une première marche que j’ai intitulée « déambulateur for climate » qui partira symboliquement cet après-midi d’Habay-la-Vieille (forcément) et se terminera à Habay-la-Neuve, pour les survivants, par une gigantesque bourse d’échange de prothèses de seconde main et de couches de secondes fesses. En attendant ce grand moment pour la planète, voici les réponses aux trois questions les plus cruciales que les personnes âgées se posent sur le climat.
Première question : verra-t-on bientôt des ours polaires envahir les maisons de retraite si la température de la planète continue d’augmenter ?
Oui, vraisemblablement. Mais, rassurez-vous, mesdames : question amabilité, un ours polaire n’est pas pire que votre mari quand il rentre du bistrot, bourré comme une sacoche de facteur, tous les 8 mars, après avoir fêté la Journée de la Femme avec ses copains. Et, vous messieurs, rassurez-vous aussi, un ours polaire en string, ce n’est pas si effrayant. Si vous avez déjà passé quinze jours de vacances à La Panne à côté de votre femme couchée en bikini, avec son castor qui passait ses moustaches par le soupirail de sa cave, vous avez déjà vu pire.
Deuxième question : quelles funérailles sont meilleures pour le climat ?
L’enterrement dans son jardin est sans conteste préférable à la crémation. La crémation, ça augmente la température de la planète inutilement puisqu’on ne peut pas griller des saucisses dessus et ça pollue les poumons de tous les gens qui sont placés dans le sens du vent au moment de la dispersion des cendres. Par contre, l’enterrement dans le jardin, ça a plein d’avantages : ça fait pousser les pissenlits que vous mangez par les racines, ça vous permet de continuer à jouer à cache-cache dans le jardin avec vos petits-enfants après votre décès en gagnant toujours puisqu’ils ne vous retrouveront jamais, et ça offre un jouet 100% bio à votre chien qui peut déterrer un de vos tibias pour jouer au lancer de nonosse avec votre famille. Attention cependant ! Enterrer votre conjoint vivant, en le poussant dans le trou et en l’achevant à coups de pelle, reste rigoureusement interdit : ça s’appelle un dépôt sauvage.
Enfin, troisième et dernière question : peut-on continuer à faire pipi dans l’eau quand on est en vacances à la mer, comme on l’a toujours fait ?
Non, le pipi ça réchauffe l’eau. Désormais, le geste écologique sera de faire pipi dans un sac en plastique, de le laisser refroidir sur la plage, et ensuite seulement, quand le pipi est refroidi, vous jetez le sac dans la mer. Comme ça, ça baissera la température des océans et, en plus, ça fera une bonne blague aux dauphins qui avaleront les sacs en plastique pleins de pipi.