Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Les élections communales, c’est comme quand on tombe soudain sur un contrôle routier, un soir où on est complètement bourré : on dessaoule très vite. Et, à chaque fois, le vote est à peine terminé qu’on se pose enfin la vraie question du scrutin : comment va-t-on faire, pendant six ans, pour causer avec tous ces plus pourris que nous qu’on a élus parce qu’on est obligés de voter et qu’on ne savait pas qui d’autre choisir ? Heureusement, moi, j’ai la réponse. Si les élus ne nous comprennent jamais, l’important, c’est que nous, bêtes citoyens, et très bêtes citoyens aussi, nous les comprenions. Voici donc un lexique de traduction d’urgence des principales expressions du langage politique communal. Je l’ai appelé « La méthode À Mimile ».
1- Quand un élu vous dit : Votre problème me préoccupe au plus haut point.
Ça veut dire : Mais qu’est-ce que je m’en tape de ton affaire, mon vieux !
2- Quand un élu vous dit : C’est un dossier qui me préoccupe depuis de longues années.
Ça veut dire : Ne te fais pas d’illusions, mon bonhomme, tu n’es pas près de voir ton affaire réglée.
3- Quand un élu vous dit : La question que vous évoquez mérite d’importants éclaircissements ; je vais solliciter quelques explications complémentaires auprès des services techniques concernés.
Ça veut dire : Hein ? Je n’ai ja-mais entendu parler de ce truc-là, moi.
4- Quand un élu vous dit : Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir.
Ça veut dire : Et quoi ? Tu ne veux pas que je travaille en plus ?
5- Quand un élu vous dit : Je n’irai pas par quatre chemins.
Ça veut dire : Je viens d’acheter un super gps sur le compte de la commune.
6- Quand un élu vous dit : Je vais être franc avec vous.
Ça veut dire : Fais gaffe, mon vieux, je vais t’entuber !
7- Quand un élu vous dit : Je suis absolument contre le cumul en politique.
Ça veut dire : Je n’ai jamais de chance, moi ! Ces cons ont distribué les mandats rémunérés le jour où j’avais pris burn-out.
8- Quand un élu vous dit : Je suis ouvert à toutes les propositions.
Ça veut dire : Tu n’aurais pas par hasard une idée à ma place ? Allez, juste une !
9- Quand un élu vous dit : C’est une méthode qui a fait ses preuves depuis de longues années.
Ça veut dire : Sindjeu, tu ne vas pas m’emmerder, on a toujours fait ainsi.
10- Et enfin, quand un élu vous dit : Jean Jaurès disait : « L’idéal est l’épanouissement de l’âme humaine. »
Ça veut dire : T’as vu, je suis bête comme un pied de table, mais j’ai quand même appris une phrase par cœur.
Voilà ! Et n’oubliez pas : la méthode à Mimile, c’est la politique facile, même pour les imbéciles.