Un bon coup de Gueule

Le coup de gueule du mois

Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !

Les poissons dâ??avril de Pâques

Quand on est un adulte normal qui déteste les fêtes inutiles comme Noël ou la Saint-Valentin où on s’ennuie toujours et qu’en plus, on a fait des enfants uniquement pour s’offrir des cadeaux avec l’argent des allocations familiales, il faut bien l’admettre : à Pâques, on s’ennuie plus qu’un cul-de-jatte dans un magasin de vélos. Heureusement, de temps en temps, comme cette année, Pâques tombe le 1er avril. Ce jour-là, on peut enfin vraiment s’amuser.

Reconnaissez-le comme moi, messieurs : pour les hommes, chaque année, à Pâques, c’est la même chose. Pour certains, vous avez même beau argumenter auprès de votre femme qu’à plus de 18 ans, les enfants sont devenus trop grands pour chasser les oeufs, vous n’y coupez pas. Dès l’aube, votre femme, attendrie par l’impatience de vos morveux, vous embarque en peignoir, et parfois même en slip, pour une séance d’émerveillement obligatoire devant vos gosses qui cherchent les œufs de Pâques dans le jardin en les piétinant, à tel point que vous vous demandez si vous ne leur offririez pas une canne blanche ou un chien guide à leur prochain anniversaire.

Et évidemment, chaque fois, ça ne traîne pas : vous vous faites engueuler par madame. À cause du plus petit qui pleure parce qu’il a moins d’œufs que le grand, à cause des œufs que les cloches ont lancé dans le poulailler pendant la nuit, ou à cause de cette andouille de gosse qui s’est planté les incisives dans le gazon en trébuchant dans ses pantoufles Pikachu, pendant que vous étiez rentré en vitesse dans la cuisine vous décapsuler une Chimay pour vous donner le courage de supporter ce lâcher de petits crétins en pyjama : c’est l’horreur !

Mais, youpie, il y a les Pâques du 1er avril où vous pouvez vous venger de toutes vos frustrations des chasses aux œufs. Pour vous permettre de vivre ce jour de vengeance avec un maximum de fous rires, voici quelques propositions de blagues de circonstance. Vous pouvez d’abord disposer quelques œufs crus dans la pelouse. C’est la rigolade assurée lorsqu’ils éclatent dans les mains de votre enfant qui les serre contre son pyjama tout propre. Si vous vous êtes assis pour déguster votre bière du petit-déjeuner, vous pouvez aussi allonger la séance en relançant les œufs déjà ramassés que votre enfant vous a apportés. Dans ce cas, n’oubliez pas de ponctuer chaque lancer d’un « Regarde, il en tombe encore ! » Ensuite, vous pouvez lancer quelques crottes de chien emballées dans du papier aluminium : ça dégoûtera définitivement vos enfants du chocolat et peut-être des chasses aux œufs.

Enfin, si votre enfant est très crédule, faites-lui croire que ce ne sont pas des œufs que les cloches lancent, mais des blocs de béton. Dès que votre femme a le dos tourné, vous lancez votre bloc au-dessus de votre enfant qui cherche des œufs (pas trop fort pour ne pas le blesser, on n’est pas des monstres non plus) et vous pouvez aller vous recoucher : vous avez quelques heures de sieste devant vous. Et, si après tout ça, votre femme tire la tête (on ne sait jamais), ne vous inquiétez pas : un bloc de béton, ça peut se relancer une deuxième fois.

 


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