Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
La Coupe du Monde de football, c’est comme être cocu : quand on est au courant de rien, on a l’air d’un con ! Pour que vous ne tiriez pas une tête d’exhibitionniste qui a fermé sa braguette trop vite lorsqu’elle démarrera dans quelques jours, voici la réponse aux cinq principales questions sur cette compétition.
Première question : la Coupe du Monde est-elle vraiment une grande fête de la fraternité universelle entre les hommes ?
Oui, absolument. Pendant un mois, les passionnés de toutes les nations oublient leurs querelles pour s’unir autour de cette célébration du ballon rond lors de laquelle les Belges espèrent que ces bâtards de Français vont se vautrer le camembert dans le gazon, les Français que ces bourrins d’Allemands vont se faire laminer la saucisse de Francfort au char Panzer, les Allemands que ces consanguins d’Anglais vont se faire exploser la barrique à Guinness à coups de godasses… Bref, ne fût-ce que pour cette immense amitié planétaire, je n’aimerais pas du tout être une sous-race d’aspirateurs à minestrone, privés de ce mondial, comme les Italiens.
Deuxième question : qu’est-ce que le hors-jeu, symbole de la suprématie intellectuelle de l’homme sur la femme, cette inculte qui préfère lire des livres en entier, au lieu de boire des bières devant un match comme tous les vrais patriotes ?
Voici mon explication, du haut de mes 180 de QI footballistique : un joueur est en position de hors-jeu si, hors de sa moitié de terrain, il est au-delà du ballon et de l'avant-dernier défenseur. Il n'y a infraction de hors-jeu que si un joueur prend part au jeu alors qu'il était en position de hors-jeu, au moment où le ballon a été touché en dernier par un coéquipier, mais je n’en dis pas plus, sinon, vous allez vous rendre compte que je n’y comprends rien et que j’ai copié tout ça sur wikipédia.
Troisième question : dans cette grande fête de l’harmonie entre les humains, les nains peuvent-ils aussi jouer au foot ?
Tout à fait. Il faut juste qu’ils aient l’humilité d’accepter de se faire enfoncer un pique à brochette dans le derrière à côté de trois copains, pour qu’on puisse les fixer à la table du jeu de kicker, et ils sont les bienvenus.
Quatrième question : et les aveugles, peuvent-ils aussi prendre part à cette réjouissance mondiale ? Naturellement ! Il y aura une formidable opportunité d’emploi pour eux avec l’introduction de l’arbitrage vidéo. Même si, en plus de ne rien voir, ils sont sourds-muets, ils ne pourront pas faire pire que les grabataires dopés au Temesta qui ont fait ce boulot dans le championnat belge durant la dernière saison.
Enfin, cinquième et dernière question. Après la mode des chaussettes tricolores sur les rétroviseurs, il y a quatre ans, doit-on s’attendre, cette année, à la mode des soutien-gorge sur les rétroviseurs ?
Tout est possible ! Alors, mesdames, tenez-vous prêtes, mais respectez votre physique naturel. Si vous faites du bonnet A, contentez-vous de mettre votre soutien sur l’allume-cigare, c’est plus raisonnable. Et si vous avez des bonnets Z, recouvrez carrément toute votre voiture, mais ne vous étonnez pas que, le lendemain, en vous voyant arriver, votre voisin s’écrie : « Tiens, voilà le carport ! ».
Bonne Coupe du Monde à tous !