Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Vous l’avez sans doute remarqué et, si vous ne l’avez pas remarqué, allez vous faire crever les tympans, les pupilles et aussi les couccougnettes pour ne pas avoir mal qu’à la tête, vous ferez des économies : la phrase à la mode est « On apprend de nos erreurs ».
Quand une équipe de foot se prend une branlée à côté de laquelle celle que j’ai reçue de mon père quand j’ai mis des capsules de Pale Ale dans les tartines au choco de mon frère ressemble à une caresse de vahiné, le joueur interviewé explique toujours : « On a été battus, parce qu’on a été trop lents, trop individualistes, trop inattentifs, trop indisciplinés et trop faibles dans les duels, mais on apprend de nos erreurs ».
Quand la ministre de la Mobilité Jacqueline Galant est surprise à compter les milliards de la SNCB comme ma première petite copine comptait mes points noirs, c’est-à-dire en en oubliant pas mal par attendrissement, ses collègues de parti et de gouvernement expliquent : « Il faut lui faire confiance et lui laisser le temps de prendre connaissance de l’ensemble du dossier », ce qui veut dire, en langage politique : « On apprend de nos erreurs ».
Quand ma voisine Fernande est surprise, par un passant un peu trop soucieux de l’environnement pour habiter dans ma région, au moment où elle jette son reste de viande dans l’égout, avec la barquette en frigolite, la cellophane qui allait autour et le ticket de caisse de Colruyt grand comme un faire-part de décès, elle lui répond : « Et alors ? Brin din vo gueule, nondidjeu ! », ce qui veut dire « On apprend de nos erreurs ».
Alors, moi que les médias ont fort justement érigé en humoriste aux facéties irrésistibles et aux traits d’esprit fulgurants, je vais me mettre au diapason de la nouvelle mode. Je vais vous raconter une blague super moderne :
C’est un trisomique lépreux noir homosexuel sidéen, en phase terminale du virus Ebola, qui rencontre une prostituée musulmane excisée veuve sans papiers, occupée à ramasser les morceaux de son mari kamikaze estropié, chômeur et ruiné qui vient de se faire sauter sur un bus de militaires juifs blessés et qui lui demande :
- Comment ça va ?
Et la femme lui répond :
- Comme ci, comme ça !
Voilà ! Je le reconnais : cette blague est raciste, homophobe, discriminatoire, misogyne, islamophobe, antimilitariste, xénophobe, antisémite et de mauvais goût, mais, ne le prenez pas mal : on apprend de nos erreurs !