Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Les médias belges viennent de mettre le public en garde sur le sujet, c’est dire s’il y a déjà beaucoup de monde au courant : de nouvelles sortes de pilule d’ecstasy potentiellement mortelles, portant des noms comme Mitsubishi ou Superman viennent d’être découvertes sur le marché. Je tiens à le révéler en primeur : ces variétés ne sont rien à côté de la plus dangereuse sorte d’ecstasy qui vient d’être identifiée chez nous sous le nom de « La Wallonne ».
D’après les experts wallons du SHIT (le Service Hennuyer d’Information sur la Toxicomanie), « La Wallonne » (aussi appelée, dans certains coins, « La Frères Dardenne ») est l’unique pilule d’ecstasy qui calme au lieu d’exciter. Les symptômes d’une prise de « La Wallonne » sont une chute vertigineuse du taux d’activité et des propos incohérents comme « Je n’ai pas le courage, je ferai ça demain ! », « Pfff, je me sens vidé ! », « Je ne sais pas ce que j’ai aujourd’hui, je ne fais rien de bon ! » ou « Si je ne bois pas un verre, je n’arrive pas à décompresser ! ». Distribuée dans les discothèques, elle déclenche des dérapages verbaux foudroyants comme « Y a moyen de baisser un peu la musique ! », « Vivement les slows ! » ou « Pffooouuu, je vais m’asseoir, je ne sens plus mes pieds ! ». Et, ironie du sort par rapport à l’inertie qu’elle provoque, suite à une erreur de formule survenue dans le laboratoire clandestin où elle a été fabriquée par des élèves de l’Athénée Pablo Escobar de Pâturages renvoyés pour absences injustifiées au cours de chimie, « La Wallonne » est la seule pilule d’ecstasy… effervescente !
Lors des contrôles policiers, vu que la seule manière de reconnaître cette drogue effervescente, c’est qu’elle mousse, les automobilistes seront invités à boire un verre d’eau et à rester debout, une dizaine de minutes, la bouche ouverte. Si leur bouche commence à déborder de mousse, c’est qu’ils sont positifs. S’ils réclament une contre-expertise, ils seront emmenés dans le combi des policiers transformé, pour l’occasion, en bar dans lequel leur sera servi de la Chimay, du Péket ou du Maitrank, les trois seules substances homologuées pour détecter La Wallonne. Si au bout de quatre verres, ils n’ont pas retrouvé un peu de courage, c’est qu’ils sont sous l’emprise de La Wallonne.
Pour la fouille des automobilistes positifs, les policiers seront équipés d’un matériel de dépistage hyper performant : un arrosoir. Les conducteurs suspects seront, en effet, aspergés d’eau pour voir si leurs poches ou leurs doublures de vêtements moussent. Même chose pour la fouille des véhicules dont l’intérieur sera inondé d’eau par des policiers accompagnés de phoques pisteurs actuellement en cours de dressage et qui deviendront opérationnels quand le gouvernement wallon aura trouvé le budget pour acheter les poissons à leur donner comme récompense quand ils auront effectué une prise de Wallonne.
La répression contre cette nouvelle forme de drogue sera particulièrement dissuasive. Elle pourra aller d’une simple tournée générale à l’équipe de patrouille, jusqu’à offrir un verre à toute la caserne en cas de récidive, parce que le principal effet secondaire de la « La Wallonne », c’est qu’elle rend aimable avec la police.