Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Comme me disent régulièrement mes copains : « Avec toi, c’est comme avec les assureurs, le problème, c’est la trop grande franchise. ». Par conséquent, je ne me gêne pas ici et je l'écris très grand : VIVE LES AMÉRICAINS ! Ils ont donné au monde Mickey, les cow-boys, les chicken dips et Sharon Stone, et maintenant, en échange, ils ont voulu récupérer Ben Laden, même un peu cassé, rien que pour eux, on ne va pas chicaner, c’est réglo ! On est sauveur du monde ou on ne l’est pas !
Mais, justement, à ce propos, comme je sais que le Américains voient tout partout et que c’est probablement aussi un de leurs commandos qui vient de tuer Jean Sagawé parce qu’il a construit sa maison sans permis de bâtir, je voudrais leur demander s’ils ne pourraient pas m’aider, moi, à restaurer la paix dans ma région, en faisant disparaître ma voisine Fernande qui commet des attentats contre moi, chaque semaine, en passant l’aspirateur à six heures du matin, même parfois le samedi. J’ai d’ailleurs déjà préparé un plan d’attaque. Je l’ai appelé l’opération « Tempête du désert intellectuel » (en anglais, « Qu’elle est biesse ! »). Je vous l’explique.
6h57 : Arrivée du commando en hélicoptère. Je pense qu’un seul hélicoptère suffira, elle a un plus petit jardin que Ben Laden et je ne voudrais pas que l’atterrissage arrache sa rhubarbe, elle m’en donne parfois.
7h03 : Le commando s’immisce dans la place. Sonner fort parce que la sonnette ne va pas bien. Si elle n’ouvre pas, entrer par la cuisine. Attention alors de bien essuyer ses pieds sur le paillasson, sinon, elle va se douter des intentions belliqueuses du commando !
7h05 : Neutralisation de son escadron de garde du corps. Pour information, il s’agit d’un escadron tout seul composé d’un caniche blanc qui s’appelle Snoopy (Mais c’est peut-être une fausse identité !) particulièrement sournois et redoutable, surtout s’il confond les soldats avec des facteurs. Snoopy reçoit, chaque matin, à 7h05 tapantes, son susucre trempé dans du café. C’est à ce moment précis qu’il faut intervenir car, l’espace d’une seconde, il sera inopérant, vu que, pour recevoir son susucre, il doit donner la papatte et qu’il ne saura donc pas bouger. Le mot de code déclencheur sera « Allè, vo papatte, mon gaminlle ! » (en anglais « Give me five ! »).
7h07 : Moment très délicat et indispensable : enfiler de force une petite culotte à Fernande pour procéder à l’opération d’évacuation par les airs.
7h08 : Hélitreuiller tout de suite Fernande, mais impérativement APRÈS l’avoir sortie de sa maison, sinon, elle se fracassera le crâne sur le plafond de sa cuisine.
7h10 : Emmener Fernande (en évitant absolument de se faire repérer par Yann Arthus-Bertrand) et la déposer sur le grand tremplin de la piscine de La Louvière. Ensuite, comme j’habite à Binche et ma voisine aussi (forcément !), diffuser un air de gille de Binche par haut-parleur. Prise de frénésie carnavalesque, elle se trémoussera, tombera et disparaîtra dans les flots à tout jamais.
Voilà ! Il reste un dernier impératif : surtout ne pas diffuser sa photo au monde après l’opération commando ! Avec ses bigoudis et sans ses dents qu’elle ne met que le dimanche, on croira que je l’ai torturée et mutilée. Et moi, en échange, je veux bien un paquet de chicken dips. Et Sharon Stone aussi !