Un bon coup de Gueule

Le coup de gueule du mois

Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !

La journée contre l'excision

Désolé ! Malgré tous mes efforts, je n’ai pas pu identifier avec certitude les copines concernées dans mon entourage.  Alors, avec quelques jours de retard, bonne fête à toutes les intéressées qui, ce 6 février, ont célébré la «Journée internationale de tolérance zéro contre l’excision».  Comme le jour est passé et qu’il nous reste plein de jours de tolérance plus un, plus deux,… avant la fête de l’année prochaine, vulgarisons un peu ce mot qu’on diabolise, chaque année, juste quatre jours après la chandeleur, comme pour nous faire culpabiliser d’avoir mangé trop de crêpes, pendant que des petits enfants meurent de faim… alors que, si ça tombe, ils n’aiment pas les crêpes. 

L’excision (qui viendrait de l’hébreu «exquis» qui veut dire «ça fait du bien» et «sion» qui signifie «mais ça ne va pas durer») est une pratique culturelle africaine, un peu comme la communion solennelle chez nous, sauf que là-bas, on ne reçoit pas une nouvelle montre, ce qui est logique, puisque c’est bien connu, eux, ils sont toujours en retard.  Comme la soustraction, la multiplication, la division et l’addition de la 7, l’excision est une opération.  Mais, pour faire court (si je puis me permettre l’expression) et éviter des illusions inutiles, ça ressemble plus à la soustraction qu’à la multiplication… et ça se fait facilement sans calculette, mais ça, on s’en fout.

Mais pourquoi alors cette mode de l’excision a-t-elle tant de mal à percer en Europe ? Parce que, contrairement aux oreilles, les bijoutiers ne peuvent pas faire fortune en y plaçant une breloque 14 carats, facturée 18 carats.  Si elle veut devenir plus populaire comme le piercing, l’excision doit donc être expliquée dans un langage approprié à chaque catégorie de personnes.

- Aux adolescentes, expliquez : l’excision, c’est comme vous dans le rayon maquillage d’un supermarché ; ça pique un peu, mais c’est pour être plus belle.

- Aux ménagères, dites : c’est comme quand on retire un œil à une patate, sauf que là, ce n’est pas un œil qu’on retire ; mais c’est parfois à une patate qu’on le retire…

- Aux vieilles reines d’origine espagnole fort catholiques, dites : euh… non, laissez tomber !

- Enfin, avec les hommes, soyez plus délicats, ils sont fort sensibles.  Dites-leur, sans les heurter : l’excision, c’est un peu à la femme ce que la chute à califourchon sur une barrière de jumping est au cavalier, mais en plus définitif.

Dans la pratique, le problème avec l’excision, c’est qu’elle n’est pas vécue de manière ludique.  Alors que, chez l’homme, la circoncision paraît tout de suite plus comique, puisqu’il y a le mot «cirque» dedans ! Alors, soyons fous : reprenons les vieilles recettes qui ont fait les charmes de nos jeunes années dans les mouvements de jeunesse.  Quand on entendra nos enfants s’époumoner à crier des «1,2,3, excision» ou «Ne regardez pas l’exciseur qui passe», ou se défouler dans un passionnant «Excision chasseur», lancer cette mode ne sera plus qu’une partie de… euh… plaisir.


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