Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Aussi étonnant que cela puisse paraître, quand j’étais à l’école, je n’ai jamais reçu le prix du meilleur camarade. Sans me vanter, j’ai dû souvent arriver deuxième, parce que j’avais déjà, à l’époque, la même jovialité que celle qui me caractérise aujourd’hui.
Et aujourd’hui justement, grâce à cet incroyable esprit de camaraderie, je suis le seul à penser à le dire : bienvenue aux Roumains dans l’Union européenne ! Après tout, ne vaut-il pas mieux des Roumains qui restent chez eux que des Français qui viennent chez nous, ou pire, qui restent chez eux quand on y va en vacances ? Après tout, ne sommes-nous pas plus proches des Roumains qui descendent des peuples de Valachie et de Moldavie que des Japonais qui descendent des charters ou des Américains qui descendent des Irakiens ? Après tout, ne vaut-il pas mieux se faire violer sa femme ou plus atroce encore, voler sa voiture par des gens qu’on connaît ? Parce qu’on est déjà proche d’eux. Tout le monde le sait, les deux principaux produits d’exportation de la Roumanie sont le goulasch qui n’est rien d’autre qu’une carbonnade flamande et la corruption qui n’est rien d’autre qu’une couillonnade wallonne.
Alors, pour montrer mon sens de la camaraderie, je vais souhaiter la bienvenue, à ma façon d’humoriste, en racontant une blague pour tous mes nouveaux amis roumains qui me lisent. C’est en roumain ! Logique.
Lazlo : Buna Ziua, Zoltan. Ce mai faci ?
Zoltan : Bine. Mult umesc.
Lazlo : Imi pare bine. M-am ra ta cit. Unde e toeleta ? Sunt bolnav.
Zoltan : Mi-am pierdut ochelarii.
Bon, je sais, vous le sentez un peu venir, mais je termine quand même :
Lazlo : Da ? Buna seara.
Zoltan : Servus !
Voilà ! Je suis d’accord, le jeu de mots est un peu facile, mais passons, vous venez de le lire, leur humour est très drôle. Et c’est une différence majeure qui explique que la Turquie ne doit pas entrer dans l’Europe. Eux, leurs blagues ne sont pas marrantes du tout ! Lisez plutôt celle-ci.
Ali : Günaydin Mehmet. Nasilsin ? Bugün hava çok güzel.
Mehmet : I?yiyim. Tes¸ekkür ederim. Evet çok sicak, ben yüzmeye gidiyorum.
Ali : Ben çalis¸iyorum. Sana iyi eg?lenceler !
Mehmet : Sana da iyi çalis¸malar.
Vous le voyez, on sent tout de suite la moquerie et je ne sais pas vous, mais moi, ça, je déteste. De la part des autres, enfin ! Parce que, finalement, l’arrivée de la Turquie dans l’Europe, ce serait un gros avantage pour un humoriste comme moi : en un seul coup, j’aurais septante millions de nouvelles têtes de Turcs !