Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Si je n’avais pas pour habitude de considérer le monde avec la condescendance du militaire de carrière pour l’intelligence de ses subalternes, je le dirais volontiers : c’est un scandale ! De qui s’est moquée la RTBF ? Après cinquante années de journaux télévisés propres sur eux qui assoupissaient mieux ma grand-mère qu’une omelette norvégienne ingurgitée sans temps mort sur une choucroute garnie, il a fallu qu’un certain Jean-Paul Philippot pourri passe du trou du cul d’un cabinet à la tête de la RTBF pour que celle-ci la perde (la tête, pas le trou du cul qui est strictement masculin comme toutes les féministes le savent).
Moi qui ne suis pas d’un naturel méfiant avec les gens qui le méritent puisque j’ai parfois prêté mon stylo à mon frère qui, lui, a souvent prêté une oreille attentive à ma mère qui, elle, a toujours prêté… à rire, je dis « stop ». Après tout, tout ce qu’on nous présente, depuis des années, à la télévision est peut-être faux. Si ça tombe, José Happart est intelligent. Si ça tombe, Pinochet n’est pas mort et s’est laissé pousser la barbe pour devenir échevin des sports à Charleroi. Si ça tombe, Michel Daerden boit vraiment. Si ça tombe, Jamel Debbouze a deux bras symétriques et Mimi Mathy deux jambes interminables parce qu’on ne la voit jamais qu’en 16/9.
Alors, comme disait le Prince Philippe à l’époque où il ne comprenait pas encore bien ce que voulaient dire ces deux mots mis ensemble : il faut prendre une… mesure énergique. Et comme aurait dit son frère, le Prince Laurent, surnommé depuis peu le plus gros « dégât de la marine », à son épouse sans le sou : il faut que chaque séquence télévisée soit accompagnée d’une signalétique… claire ! Lors de chaque « Ecran témoin », qu’on précise tout de suite « Ceci est un somnifère ». Lors de chaque match des Diables rouges, qu’on indique immédiatement « Ceci est une défaite ».
Et c’est valable aussi dans le sens négatif ! Lorsqu’on programme « Mise au point », qu’on renseigne clairement « Ceci n’est pas Le Jardin Extraordinaire ». Quand on diffuse un film salace en fin de soirée, qu’on précise systématiquement quand nécessaire, pour les jeunes moins érudits qui ne connaîtraient pas Magritte, « Ceci n’est pas une pipe ». Lors de chaque apparition de Malvira, qu’on stipule obligatoirement « Ceci n’est pas la reine Fabiola ». Et surtout, lors de chaque émission de Blabla, qu’on écrive bien en grand: « Ceci pourrait peut-être bientôt être le journal télévisé » !