Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Comme disait un voisin fossoyeur qui, à force de vivre ivre mort, est mort ivre : « Si tu ne veux pas te retrouver sans cesse au fond du trou, il faut faire des concessions ». Puisque je sais que, dans ma ville de Binche, les élections, c’est une perte de temps, l’important, c’est de négocier après, je le déclare ouvertement : moi, j’accepte aujourd’hui d’être élu sans passer par les élections. Mais, en contrepartie, j’ai plusieurs exigences :
- que les réunions du conseil communal n’ait lieu ni le mardi, ni le mercredi, ni le jeudi, ni le vendredi, ni le samedi, ni le dimanche (pour le reste, c’est au choix), parce que, ces jours-là, il y a du foot ;
- que me soit attribué l’échevinat des fêtes (mais uniquement durant le carnaval, pour boire sur le compte des notes de frais) et, durant le reste du temps, l’échevinat du troisième âge (mais uniquement le troisième âge fortuné en fin de vie) ;
- qu’il y ait des boîtes de Pims lors de chaque séance du conseil communal : soit à l’orange pour respecter le folklore binchois, soit coco par nostalgie politique déplacée ;
- que le chien de ma voisine Fernande soit épilé, poil par poil, à la cire chaude ou euthanasié par noyade sous une douche, parce qu’il fait trop de bruit inutile ;
- que Marie Arena soit épilée, poil par poil, à la cire chaude ou euthanasiée par noyade sous une douche (bon marché), parce qu’elle fait trop de bruit inutile ;
- que mon canari soit nommé patrimoine de l’humanité (parce que, lui aussi, il a des plumes sur le crâne et il passe sa vie à sautiller sur place bêtement) ;
- que les réunions se tiennent au Café Marius, parce que c’est plus près de chez moi ; de toute façon, ça ne changera rien par rapport à l’hôtel de ville : ça pue et ça vient des cabinets ;
- que ma maison soit déclarée « habitation sociale » afin que je puisse faire refaire ma toiture sur le compte de l’intercommunale par une entreprise privée (vous remarquerez, au passage, que je n’ai pas demandé que ma toiture soit refaite par des ouvriers communaux : ce n’est pas parce que c’est illégal, c’est parce que je n’ai pas envie que le travail soit salopé) ;
et enfin, surtout,
- qu’on me prépare une cellule avec télé à écran plat et minibar à la prison de Jamioulx. On ne sait jamais ; la justice se trompe tellement, pour le moment…