Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
La nouvelle n’a surpris que ceux qui croient encore qu’une nouvelle police unifiée est moins rigolote que plusieurs anciennes polices séparées. La militante turque Ferhiye Erdal a fait comme celle qui a épousé le ministre André Flahaut, l’homme qui a plus de mentons que de dents : elle a pris le large !
Certains diront : c’est consternant ! Moi, je leur répondrai qu’il ne faut pas monter en épingle les affaires de sûreté. Après tout, cette femme n’est pas si dangereuse que ça. Ça a été prouvé : elle n’a jamais rencontré l’ex-échevin carolo, Claude Despiegeleer et elle n’a pas joué au football à La Louvière. Ensuite, les policiers ont tiré les leçons de l’évasion de Marc Dutroux : la fuite a eu lieu cette fois AVANT l’arrestation, pas APRES. Avec un peu de chance, grâce à notre police, le prochain criminel s’évadera AVANT d’avoir commis son délit.
En plus, n’oublions pas que ces hommes, en étant chargés du travail de surveillance de Ferhiye Erdal, étaient… surchargés de travail. Ils devaient surveiller sa maison tout entière, c’est-à-dire la porte d’entrée, la fenêtre du rez-de-chaussée, la fenêtre de gauche du premier étage et la fenêtre de droite, leur préférée (la droite, pas la fenêtre). Ils devaient aussi aller chercher des sandwichs, jouer aux cartes et surtout, dormir pour être sûr de rester éveillé. Sans compter qu’ils devaient peut-être surveiller, en plus, la carte de la météo et l’échographie de la députée Sophie Pécriaux qu’ils confondaient sans doute parfois. Et tout cela, en étant très peu nombreux. Les chiffres dévoilés, à ce propos, sont d’ailleurs contradictoires : ces agents étaient trente-deux, selon les ministres compétents, alors qu’ils n’étaient que quatre équipes de huit, selon les policiers incompétents.
Maintenant, quelles sont les hypothèses qui peuvent justifier cette évasion ? Il y en a deux.
1- La plus optimiste : Ferhiye Erdal a sauté dans un bus pour se rendre à la prison elle-même, en se disant qu’en y allant avec les TEC, si on additionne les jours de grève et les retards, elle pouvait facilement justifier quelques semaines de liberté supplémentaire avant son incarcération.
2- La plus pessimiste : en découvrant la visite d’Anne-Marie Lizin à Guantanamo, Ferhiye Erdal a pris peur. Elle s’est dit : si elle est capable de pousser une pointe jusqu’à Guantanamo, je ne serai pas à l’abri de la voir débarquer dans ma prison en Belgique. Plutôt la fuite que la torture !