Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
C’était bien réfléchi ! J’ai conscience d’avoir déçu beaucoup de monde, mais, malgré vos nombreuses insistances, j’ai finalement décidé de ne pas me présenter à la succession de Jean-Paul II. J’ai imaginé vos yeux humectés de larmes sincères, abasourdis de ne pas entendre la phrase tant attendue : « Habemus Watrinam ! », mais j’étais obligé. Pourtant, j’avais beaucoup d’atouts pour décrocher cet emploi à durée indéterminée, voire interminable.
1- Sur le plan physique, d’abord, j’ai un atout énorme : j’ai toujours fait plus que mon âge. La preuve : dès mon adolescence, j’ai dû repousser les avances de femmes plus mûres que moi qui, malheureusement, continuent aujourd’hui à me poursuivre de leurs assiduités … et surtout, à mûrir.
2- Sur le plan de l’environnement, je pouvais réduire les nuisances sonores provoquées par les acclamations des fidèles, en jetant des seaux d’eau bénite sur le crâne de ceux qui se permettraient de venir gueuler, chaque dimanche, sous ma fenêtre, à n’importe quelle heure du matin.
3- Sur le plan financier, sans me vanter, je pouvais réduire significativement, à moi tout seul, les dépenses du Vatican, en remplaçant le poste « couches-culottes » par un poste « touche-culotte».
4- Sur le plan administratif, je pouvais disposer, à tout moment, de la lettre de recommandation réglementaire d’Anne-Marie Lizin.
Cher Dieu,
Je porte à ta toute-puissante attention que Dominique Watrin fera, selon moi, un bon pape. Ce n’est pas un mauvais bougre, il donne la belle main et quand il jure par ton nom, ce n’est pas contre toi, mais contre son chat qui chie dans les parterres de fleurs ou contre son fils qui pisse à côté de la cuvette, le matin.
P.S. (il y en a toujours un, dans les lettres d’Anne-Marie Lizin) : pour les calottes, n’oublie pas de lui préciser que, chez toi, on les met sur sa tête et pas dans la gueule des autres !
5- Enfin, sur le plan religieux, j’ai déjà réalisé deux miracles spectaculaires :
- le premier, accompli dès ma naissance, a été de transformer ma mère en profonde dépressive ;
- l’autre a été de transformer, constamment et presque innocemment, des spectatrices anonymes de café-théâtre en femmes physiquement comblées au-delà de tout entendement. Malheureusement, quand on réalise ce miracle, on ne peut pas devenir pape,… puisqu’on est déjà un dieu !