Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
Ça va mal en France ! Alors que chez nous, en Belgique, on a des hommes politiques irréprochables qui ne feraient pas de mal à une mouche dans une salle de réunion d’intercommunale puisqu’ils ne vont jamais aux réunions, chez nos voisins, on n’arrive pas à trouver un seul candidat à la présidence de la république qui parvient à frauder sans que ça ne se voie. Prenez François Fillon, par exemple. Il a réussi à se faire pincer avec sa femme comme attachée parlementaire fictive pour un salaire de centaines de milliers d’euros, juste pour faire son ménage. Ça, ce n’est pas à un politicien wallon que ça arriverait. Lui, il paierait sa femme et il prendrait une ALE pour le ménage. Pour dépanner la France, je vais donc me présenter aux élections françaises à la place de François Fillon… en tandem avec ma voisine Fernande.
Par rapport à Pénélope Fillon, Fernande, c’est la garantie absolue de faire chuter le coût du budget de l’Etat ! D’abord, fini les dîners péteux entre chefs d’Etat où on enchaîne plein de plats avec à moitié rien à manger dedans. Avec Fernande, ce sera à la bonne franquette. Si c’est un dîner de gala à midi, au menu, ce sera des tartines au gouda ou à la confiture de rhubarbe du jardin qu’on peut tremper dans son bol de café, mais sans laisser des morceaux de pain flotter dans le café : Fernande trouve que ça fait saligaud quand il y a des gens. Si c’est une réception du soir, que l’invité soit roi ou président, ce sera rata aux carottes, avec une plotch de beurre et une côtelette de spiringue, et on peut ronger son os avec ses mains. Et, si on arrive entre ces heures-là, parce qu’un chef d’Etat étranger a un décalage horaire, on fait avec ce qu’il y a : c’est soit du pain perdu, s’il reste des œufs dans le frigo de l’Elysée, soit des pâtes à la cassonade, parce que ça va vite à faire. Et chacun se sert lui-même. Ce n’est pas parce qu’on est chef d’Etat, qu’on a le cul qui colle à sa chaise : les assiettes seront dans le dressoir du salon d’apparat et les couverts dans le petit buffet, à l’entrée de la buanderie de l’Elysée, près de la gamelle du chien.
Ensuite, avec Fernande, au diable les tenues de gala extravagantes, avec smoking et robes à froufrou, et tout le monde qui fait son intéressant et veut être plus beau que les autres. Pas de tralala, ça coûte trop cher. Ce sera training pour les hommes (ils seront plus à l’aise pour se baisser, s’ils veulent faire une partie de pétanque dans le couloir de l’Elysée) et tablier cache-poussière pour les femmes, comme ça, chacune garde sa belle robe pour quand elle doit aller à un enterrement.
Enfin, avec Fernande, aux oubliettes aussi les chapeaux grands comme des soucoupes volantes qu’on cogne contre les murs quand on se penche pour prendre la brosse à cabinet aux toilettes. Ce sera permanente à bouclettes pour toutes les épouses de chef d’Etat, essuie-main sur la tête si elles n’ont pas eu le temps de retirer leurs bigoudis le samedi, et fichu en plastique transparent si elles donnent un coup de main à Fernande pour aller chercher du charbon dans la remise de l’Elysée quand il pleut. Et il n’y aura pas de garde du corps à payer, non plus. Le service sera assuré par Snoopy, le chien de Fernande, contre une rémunération payable en susucres. En échange, il fera comme tous les hommes politiques : il fera le beau !