Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
On ne s’en remet pas ! On n’en a incompréhensiblement pas parlé une seule fois dans les médias, mais la mort de Fidel Castro a provoqué une immense vague de deuil dans toute ma région de Binche. Le chagrin d’apprendre sa disparition a, en effet, été terrible pour les innombrables personnes à qui, avec son training défraîchi à trois bandes et son air hagard, Fidel Castro servait de modèle vestimentaire depuis plus de trente ans.
Ceux qui n’ont jamais réalisé l’expérience extrême d’aller faire des courses, un samedi matin, au Cora de La Louvière, au milieu des guérilleros, parés d’un splendide training symbole de la revolución en clapettas avec des chaussettas blanchas, ne savent pas ce que Fidel Castro a apporté au monde. Le survêtement sale devrait être désigné, comme la bière belge, patrimoine immatériel wallon de l’humanité ! Quand vous ôtez votre jean pour enfiler un training, en un seul coup, tout le bas de votre corps crie : « Viva la libertad ! »
D’abord, vos poils de jambes s’ébouriffent librement dans une couche d’air chaud dont la moiteur rappelle le climat oppressant de la jungle cubaine, avec la seule différence que les moustiques sont remplacés par des acariens et des morpions. Mais surtout, tous les guérilleros éprouvent la liberté suprême, celle avec laquelle, pour le dire de manière élégante et imagée, vous avez, le battant de cloche qui fait l’essuie-glace, le changement de vitesse qui joue à l’éolienne ou, pour les vantards, le boa qui se balance sur son trapèze. En résumé, pour reprendre une expression cubaine : vous avez le Havane qui disperse sa fumée.
Le training à trois bandes, ça crée la liberté et l’esprit révolutionnaire.
- Si Charles Michel avait porté un training à trois bandes, il aurait ramené l’âge de la pension à 27 ans, de la prépension à 17 ans et il aurait réduit la grossesse à sept mois, en prime.
- Si Maggie De Block avait porté un training à trois bandes, elle aurait accordé la gratuité pour tous les médicaments, y compris le Pale-Ale pour l’allaitement et le Peket pour la dépression.
- Si François Hollande avait porté un training à trois bandes, il aurait été réélu président de la République avec 117 % des voix, sans élections.
- Si les spectateurs du match Charleroi-Standard avaient porté un training à trois bandes… Ah non, eux, ils en portaient déjà un !
- Si le Roi Philippe avait porté un training à trois bandes, au lieu de nous endormir avec un discours aussi somnifères que ceux de Fidel Castro lors de son message télévisé de Noël, il aurait dansé la Macarena avec Mathilde en string à paillettes.
Et enfin, si ma voisine Fernande avait porté un training à trois bandes, Fidel Castro aurait exigé de porter un tablier en Lycra pour éviter qu’on les confonde, vu qu’ils ont la même barbe.