Pendant une quinzaine d’années, Dominique Watrin a publié mensuellement sur ce site une chronique « coup de poing » sur une sujet majeur (ou mineur) inspiré par l’actualité chaude (et quelquefois simultanément glaciale) du mois. Ces textes parfois repris sur les planches pour des cours de seul-en-scène, parfois même étudiés dans les écoles, mêlaient faits de société, vérité pas bonne à dire et mauvaise foi à peine dissimulée, le tout sous une forme courte, choc, mais incroyablement digeste. À lire ou à relire… pour le plaisir ou le déplaisir !
C’est le printemps ! Les petits oiseaux se remettent à pépier et, comme chaque année, ça se passe encore le samedi matin sous ma fenêtre, quand je suis rentré tard la veille, me faisant regretter que mon chat ne sait pas voler, sauf le steak que je pose sur la table de la cuisine quand mon téléphone sonne. La végétation aussi se réveille, m’obligeant à ressortir bientôt cette insupportable tondeuse à gazon qui ne démarre qu’à la dixième tentative, à part quand c’est mon fils qui essaie pour rigoler.
Mais le printemps, c’est aussi l’occasion de découvrir que la femme et la nature fonctionnent en sens opposé. L’expérience m’a, en effet, fait comprendre que, quand la végétation arrête sa croissance à cause de l’hiver, la pilosité de la femme accélère la sienne à cause de la flemme. Et pour l’homme, c’est tragique ! Pour peu qu’il ne soit pas attentif, il s’aperçoit que, après s’être pelotonné à Noël auprès d’une douce nymphette à la peau douce comme le miel, il se retrouve, au retour du printemps, auprès d’une trappeuse de salle de bains en bottes fourrées. Et s’ils vont nager, c’est le comble ! Lorsque sa dulcinée émerge des eaux dans son superbe deux-pièces, le pauvre a l’impression qu’elle s’est cachée les tresses de Fifi Brindacier sous les aisselles et qu’elle a planqué Tatayet dans le fond de son maillot.
Voici donc trois conseils « épilation » de l’homme particulièrement soucieux de la beauté féminine que je suis, à destination des femmes désireuses de plaire à d’autres hommes qu’aux éleveurs de visons :
1- D’abord, l’épilation à la cire, c’est très bien mais une mise en garde doit être faite : attention, l’épilation à la cire donne des boutons. Surtout, l’épilation à la cire d’abeille. Glisser les jambes directement dans la ruche peut, en effet, occasionner une douloureuse éruption de boutons. N’oubliez pas, mesdames, que les dards ne font pas toujours du bien…
2- Ensuite, si vous optez pour l’épilation à la pince, elle doit être effectuée avec l’instrument adéquat : évitez, mesdames, la pince d’électricien qui ne fait pas très féminin, la pince de crabe qui laisse des odeurs et la pince à sucre qui peut donner un mauvais goût au café si elle est mal nettoyée après l’usage.
Enfin,
3- Pour une fois, faites preuve d’économie, mesdames : gardez précautionneusement vos poils retirés. Une fois ceux-ci soigneusement triés, vous pourrez les recycler. Liés ensemble, les poils courts feront un excellent pinceau à maquillage. Et les poils longs, ils pourront servir pour fabriquer la moustache de gendarme dont votre enfant aura bientôt besoin pour le spectacle de fancy-fair de l’école.
Quant à vous messieurs, si, lors d’un prochain réveil printanier, votre femme vous susurre à l’oreille « Si on faisait un petit câlin ensemble ? », évitez de lui répondre distraitement « Poils aux jambes ! »… Ça ne la fera pas rire du tout !